Olivier Peru
En attendant les Imaginales 2014 : Interview d’Olivier PERU. Par Orfilinn.
Olivier Peru, illustrateur, dessinateur, scénariste, romancier à deux voire à quatre mains avec Patrick McSpare, vous travaillez également dans le monde de la télévision, notamment sur la série Hero Corp. Comment arrivez-vous à jongler avec toutes ces casquettes ?
Je ne dors pas beaucoup 🙂
Quant au fait de jongler entre toutes mes activités, c’est pour moi la meilleure parade à la routine. Sans compter que ça m’oblige à toujours explorer de nouvelles pistes narratives tout en m’évitant de me reposer sur les acquis. Tous mes univers tournent en permanence dans ma tête, je serais tenté de dire qu’ils travaillent tout seuls. Ainsi, quand il est temps de les écrire, ils sont « mûrs ». Je migre facilement de l’un à l’autre. Concrètement, quand je travaille sur une histoire, je m’y plonge à fond durant plusieurs jours ou plusieurs semaines puis, quand je sens que je commence à être moins bon ou que les idées viennent moins vite, je m’arrête, je m’aère l’esprit avant de repartir dans un autre récit.
Ce polymorphisme est un besoin créatif qui a toujours existé chez vous ou provient-il d’opportunités qui ont permis d’élargir vos domaines de création ?
Un peu des deux. Cependant, je crois que les opportunités viennent de mon appétit de découvertes et de nouveaux défis. Jeune, je passais mon temps à écrire et dessiner, à rêver de tas d’univers à inventer. J’avais toujours des histoires à raconter. J’ai donc très vite commencé ma carrière d’auteur en BD en dessinant et en scénarisant des albums puis d’autres dessinateurs m’ont proposé de travailler avec eux. Peu à peu, j’ai délaissé le dessin pour l’écriture, ce qui m’a poussé à explorer de plus en plus d’univers et de milieux créatifs.
Je suis étonné du nombre de projets de séries BD qui ont vu le jour et que vous avez en partie portés : Zombies, Les Elfes, Mjöllnir, Nosferatu, Assassin, In Nomine, Lancelot, La Guerre des Orcs… Ce travail de scénariste et de script sur plusieurs séries en même temps, comment s’articule-t-il avec les illustrateurs ? Cela dépend du projet, des personnalités des illustrateurs avec lesquels vous travaillez ?
Quand je propose mes univers à d’autres auteurs, les premières choses que je vais chercher chez eux sont leurs envies et leurs idées. J’aime ensuite écrire pour eux des albums sur mesure dans lesquels ils peuvent s’amuser. Je vois la BD comme un terrain de jeu et de spectacle dont le scénariste, le dessinateur et le coloriste sont les metteurs en scène. Pour que ce spectacle fonctionne, il faut que les auteurs entrent en symbiose et se mettent ensemble au service de l’histoire. Du coup, ma méthode change en fonction de mes co-auteurs. Certains aiment les scripts très détaillés et écrits, d’autres préfèrent des scénarios qu’on peut retravailler jusqu’à la dernière minute. Dans tous les cas, je m’efforce d’être toujours à l’écoute des artistes avec qui je travaille.
À propos de Zombies : cette trilogie a tout d’abord bénéficié d’une préquelle, avant le tome final paru fin 2013. Il me semble qu’une série de spin-off est en préparation ?
En effet, avec Sophian Cholet, nous avons bouclé une première trilogie dans l’univers de nos Zombies et j’ai écrit pour Lucio Leoni un tome 0 qui se concentre sur l’un de nos persos préférés de la série : Serge Lapointe, l’acteur de série B qui tente de jouer dans la vie les rôles qu’il avait au cinéma. Aujourd’hui, avec Sophian, nous travaillons sur une seconde trilogie qui se déroule 7 ans après l’apparition du virus et nous développons une série de one-shots qui explorera des moments clés de l’épidémie à divers endroits du monde. Le premier tome sort en juin et se passe en France :-). Il est dessiné par Nicolas Petrimaux, dont vous avez pu admirer le dessin dans le Doggybags 4 sorti chez Ankama.
Vous êtes venu aux Imaginales en 2012 et 2013. D’ailleurs, 2013 fut l’occasion pour vous de remporter le Prix Imaginales des lycéens avec votre roman Druide. Lors de la remise du prix, vous avez souhaité faire don de la dotation dans le but de financer l’achat de livres pour les prix des futures éditions des Imaginales. Rendre accessibles les livres au plus grand nombre, c’est une évidence pour vous ?
Je suis un fervent défenseur de la culture populaire et des livres les moins chers possibles. J’ai beaucoup lu en médiathèque quand j’étais gamin et je passais des heures dans les boutiques d’occasion pour trouver des BD et des romans à moindre coût. J’ai ainsi découvert beaucoup d’auteurs qui m’ont fait voyager et ont nourri mon imaginaire. Si ma modeste contribution peut aujourd’hui faire rêver quelques lecteurs de plus et donner l’envie d’écrire à de jeunes plumes, j’aurai l’impression d’avoir un peu rendu de ce que j’ai pris.
Pour votre troisième participation aux Imaginales, quelles sont les nouveautés que nous n’avons pas encore abordées et que vous pourrez nous faire découvrir ?
Depuis l’année passée, en BD, j’ai bouclé avec Alexe la série Lancelot dont le 4ème tome, Arthur, vient de paraître. Avec Pierre-Denis Goux, nous avons sorti le tome 2 de Mjöllnir. J’ai publié le tome 3 de la série concept Elfes, avec Stéphane Bileau au dessin, ainsi que le 1er tome de la série Oracle, dessiné par Stefano Martino (avec qui j’avais déjà publié Nosferatu), une autre série concept dans laquelle, à dix auteurs, nous explorons la mythologie grecque.
Et je viens de mettre le point final au livre II de Martyrs, mais il ne sortira qu’à la rentrée:-)