Stefan Platteau « Coup de cœur » des Imaginales 2016 !
Prix Imaginales du meilleur roman de fantasy en 2015, encensé par une critique unanime et salué dès son premier ouvrage par les meilleures plumes de l’imaginaire (Ayerdhal, Jean-Philippe Jaworski, Justine Niogret…), Stefan Platteau sait mêler dans ses textes qualité de l’écriture, subtilité du récit et souffle de l’aventure. En trois livres puissants, l’écrivain belge s’impose déjà comme un nouveau maître de la fantasy de langue française.
Historien, musicien, entrepreneur social… Comment en êtes-vous arrivé à écrire de la fantasy ?
« En fait, j’ai toujours voulu écrire, depuis l’âge de sept ans. Tout le reste n’est que détours ou stratégies d’approche… Mes études d’Histoire, par exemple, sont un pas délibéré vers les littératures de l’imaginaire. »
D’où tirez-vous votre inspiration ?
« Je puise à des sources multiples ! L’Histoire et l’anthropologie, bien sûr ; et puis les grandes mythologies celtique, hindoue, grecque et finnoise (entre autres). Mais aussi dans mes voyages au sud de la planète, où les gens sont encore baignés dans une culture et un mode de vie traditionnels ; dans les actualités internationales ou dans les magazines de vulgarisation scientifique. Et puis, mon métier de travailleur social m’amène souvent à la rencontre de gens étonnants, de parcours atypiques. Tout ça mis ensemble m’agite considérablement le ciboulot. »
Un écrivain est aussi un lecteur… Quels sont vos auteurs préférés ?
« Outre les classiques de la fantasy (Tolkien, Leiber, Lovecraft, Moorcock…), je reste profondément marqué par Umberto Eco, Anne Rice, Frank Herbert, Gabriel Garcia Marquez. Plus récemment, Glen Cook, Georges R. R. Martin et Robert Holdstock sont pour moi des références importantes. Hypérion, de Dan Simmons, m’a fortement influencé (je m’étonne toujours que ça passe inaperçu). Et Malpertuis de Jean Ray reste une œuvre incroyable à mes yeux… J’aime aussi explorer la littérature du sud de la planète : l’Inde (Arundhati Roy, Sujit Saraf), l’Afrique (Ahmadou Kourouma). »
Pensez-vous, à l’avenir, explorer d’autres genres de l’imaginaire ? Ou préférez-vous creuser votre sillon en fantasy ?
« J’ai quelques envies du côté de la SF ou du roman historique, mais l’univers des Sentiers des astres risque encore de m’occuper pendant un certain nombre d’années… J’aime l’idée de l’explorer dans ses moindres recoins, de le « sentir » en profondeur, de le rendre vivant. Une fois qu’on tient bien son monde, on peut y raconter virtuellement n’importe quelle histoire, aborder toutes les thématiques. Je me suis bâti une seconde patrie qui est la synthèse de mes influences, et je m’y sens chez moi. »
Parlez-nous de la collaboration avec votre éditeur, les Moutons électriques…
« André-François Ruaud est une crème d’homme et une merveille de patience, toujours prêt à répondre à mes questions les plus naïves de débutant des métiers du livre… Il n’hésite pas à partager avec moi sa vision et ses stratégies éditoriales, et c’est une chose que je trouve très enrichissante. »
Vous dites aussi beaucoup de bien de votre graphiste…
« C’est une chance de bosser avec Melchior Ascaride ! Il n’hésite pas à lire en profondeur les romans qui lui sont confiés, et il réfléchit à l’objet-livre dans son ensemble : ce qu’il a réalisé sur Dévoreur, par exemple, est juste formidable. Il a toujours une foule de questions à poser avant de se mettre au travail, ce qui me laisse la possibilité de faire des suggestions… Par ailleurs, je peux aussi compter sur un illustrateur, FredK. C’est lui qui a réalisé notamment les deux cartes (toutes deux très « narratives ») que l’on retrouvera dans Shakti. Je le considère comme un vrai partenaire dans la conception du monde des Sentiers des Astres. »
Entre Manesh et Shakti, vous avez éprouvé le besoin d’écrire Dévoreur, un court roman indépendant mais situé dans le même univers. Pourquoi ?
« En fait, Dévoreur est en grande partie antérieur à Manesh. Ce sont mes premières pérégrinations sur la route des Astres. À l’époque, je ne me sentais pas assez « mûr » pour écrire la fin du roman et entrer pleinement dans la psychologie du monstre ; je l’avais donc laissé inachevé. Depuis longtemps, ma fille réclamait que je finisse « l’histoire de l’ogre » : j’ai fini par céder sous la pression. Ça m’a offert une petite pause, bienvenue dans l’écriture de Shakti. »
Justement, pouvez-vous nous en révéler un peu plus sur Shakti, le deuxième tome des Sentiers des astres, roman qui sortira en avant-première aux Imaginales ?
« On retrouvera le Barde et ses compagnons là où le tome 1 les avait laissés : en plein cœur du danger. La tension ne va pas redescendre de sitôt et le volume promet son lot d’action – une chose qui ne va pas sans risques pour mes personnages ! Le roman va prendre un tour nettement plus épique, et il se peut que tout cela se termine par une nouvelle scène de chirurgie façon médiévale (la question étant de savoir qui en fera les frais…).
Mais bien sûr, ce tome 2 contient aussi un récit de vie ; un des membres du groupe va devoir se livrer. Cette fois-ci, c’est la Courtisane qui s’y colle. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle en a des choses à raconter ! À tel point que j’ai dû me résoudre à couper en deux le volume qui lui était consacré et à rompre avec la construction en trilogie. Il sera question des Seigneurs des bêtes, d’arbres géants, de l’autre monde, et des mères pochtronnes qui taquinent le tendron. Des questions liées au statut des femmes dans le monde de l’Héritage pointeront le bout de leur nez.
Finalement, le rythme de cet épisode est très différent du premier. Nous ne sommes plus dans la paisible remontée du fleuve ; les choses s’accélèrent, la narration est plus dense. Mais les relations entre les personnages restent au cœur du récit. Le Barde arrivera-t-il à tenir sa compagnie en un seul morceau ? »